John JUBA Jr

 

juba john
NUMERO DE SERVICE33673674
AGE19 ans
DATE DE NAISSANCE 1925
ETATPENNSYLVANIA
FAMILLEParents: Anna Moroscak CALLAHAN (Originaire d'autriche) & John JUBA Sr
Frère & Soeurs:Mary Ann BATES, Evelyn & Patrick
GRADEPrivate First Class
FONCTIONInfantry
PROFESSION AVANT INCORPORATION--PA
DATE D'INCORPORATION29 mai 1943 Greensburg PENNSYLVANIA
REGIMENT12nd Infantry Regiment
DIVISION4th Infantry Division
DATE DU DECES04 aout 1944juba john tombe
STATUTDécédé à la suite de ces blessures de combat
LIEU DU DECESBataille de Villedieu les Poëles
CIMETIERE PROVISOIRE 

Cimetière Provisoire de Marigny - N° 3555

BlocRangTombe
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CIMETIEREBRITTANY AMERICAN CEMETERY de St James

Plan du Cimetière Américain de St James

TOMBE
BlocRangTombe
D108
DECORATION
Purple HeartPhoto FDLM
American Campaign Medalamerican campaign medal
World War II Victory Medalvictory medal
 us army div 412ri
HISTOIRE

Saint-Lô a subi deux attaques pendant la bataille de Normandie.

Le premier fut le bombardement de la ville par les Américains dans la nuit du 6 au 7 juin 1944.

La seconde était la lutte pour la libération de Saint-Lô le 17 juillet, lors de la bataille de Saint-Lô.

La ville fut cette fois bombardée par les Allemands qui maintenaient leur position au sud. Saint-Lô a été presque totalement détruit (90-95% selon les estimations communes) par les bombardements américains lors d'une phase de la bataille de Normandie connue sous le nom d'Opération Cobra, lui gagnant le titre de "La capitale des ruines" de Samuel Beckett.

St Lô a été l'une des villes clés de l'ouverture du Falaise Gap, qui a finalement permis aux forces alliées d'expulser les forces allemandes du nord de la France. Par George WANN

 


 

Les jeunes qui sont morts nous ont délivrés


Par Christopher Scanlan



Le taxi, une Mercedes, accéléra sur la route de campagne. Pour la dixième fois depuis que nous avions quitté Paris, ce matin de juin,je regardai le papier dans ma main.

Cimetière Militaire Américain

Marigny, France

14 km à l’ouest de St. Lô.

Allée D Tombe 10

PFC. John JUBA Jr. Inf. 4 Div.

Tué le 14 août 1944. 20 ans.

C’est tout ce que je savais de cet homme dont nous allions, ma femme et moi, visiter la tombe. Kathy et moi étions en lune de miel tardive en Europe, un voyage d’un mois qui nous avait déjà menés en Allemagne, en Hollande et à Paris. Maintenant, à une semaine de notre retour à la maison, nous tenions la promesse faite à un ami, chez nous.

Pat Callahan n’en savait pas beaucoup non plus au sujet de John Juba. Son demi-frère avait été tué avant sa naissance. Pat ne savait pas comment il était mort, juste qu’il était enterré en France, dans une tombe que personne dans la famille n’avait jamais vue. Il a demandé si cela nous dérangeait, ma femme et moi, d’aller au cimetière pendant nos vacances, peut-être prendre une photo de la pierre tombale pour sa mère.

« Si c’est sur votre route, bien sûr », dit Pat lorsqu’il m’a donné les indications, et c’est comme ça que ça que nous nous sommes quittés.

Il s’avéra que ce n’était pas sur notre route, mais pendant toutes nos vacances, le X marqué à côté de Marigny sur notre carte de France nous titilla. Je n’avais jamais rencontré la mère de Pat. Se demandait-elle si nous avions trouvé le cimetière ? Attendait-elle de savoir à quoi l’endroit où était enterré son fils ressemblait ? Au final, nous ne voulions pas décevoir une femme qui avait perdu son fils aîné In the dans une guerre et n’avait jamais eu l’occasion de prier sur sa tombe. Le jour suivant notre arrivée à Paris, nous prîmes un train pour Marigny, à environ 480 km vers l’ouest.

Quatre heures plus tard, le taxi que nous avions pris à la gare de St Lô accéléra dans la campagne normande, avalant rapidement les 14 km qui nous restait à parcourir. Pour la première fois de la journée, je commençai à me détendre. Nous trouverions la tombe, prendrions quelques photos et rentrerions à Paris pour une promenade en bateau sur la Seine sans aucun problème.

« Je ne savais pas qu’il y avait encore des Américains enterré à Marigny », dit le chauffeur du taxi par-dessus son épaule.

J’étais encore en train d’essayer d’expliquer dans mon français rouillé les indications dans ma main et comment il devait y avoir un cimetière américain là-bas, parce que c’était là que ce soldat était enterré, lorsque le chauffeur quitta la route vers Marigny et signala un panneau planté dans l’herbe d’un îlot directionnel.


Il disait « Cimetière militaire allemand » en français et en allemand. Kathy et moi nous regardions, l’un l’autre, en commençant à paniquer.

« Ils ne ramassent pas les cimetières pour les déplacer juste comme ça, dis-je. Ça doit être ici. ».

Nous arrivâmes sur une Rue Principale endormie,avec des boutiques en pierre, et le taxi s’arrêta pour consulter une femme sur le trottoir.

« Un cimetière américain ? dit-elle. Oui, il y en avait un à l’extérieur de la ville mais il n’y est plus. Maintenant, il n’y a plus que des Allemands. »

Je n’étais pas prêt à renoncer, encore.

« Peut-être que les Américains sont enterrés avec les Allemands », suggérai-je au chauffeur. Il secoua la tête mais continua de conduire. A quelques kilomètres de la ville, sur une route étroite qui traversait des pommeraies et des pâturages, il tourna sur une allée sale et se gara devant un grand mur de pierre.

Derrière, nous trouvâmes un pré ombragé bordé d’allées bien alignées de rosiers jaunes, comme les haies normandes, s’étirant vers l’horizon. C’était un cimetière curieux.


Il y avait peu de pierres tombales visibles, juste des groupes de croix marrons dans une allée et en quinconce avec les rosiers. Les tombes, 11 169 au total, étaient marquées par des rectangles de pierre plantées dans la terre, nous apprîmes dans une brochure dans la chapelle. Nous n’eûmes besoin de lire que quelques noms inscrits (Heinz, Friedrich, Gunther) pour réaliser que nos recherches de la tombe de John Juba n’étaient pas terminées. Elles ne faisaient que commencer.

« Je crois qu’ils ont déplacé toutes les tombes américaines il y a environ 15 ans, nous raconta le chauffeur sur le chemin de retour à St-Lô.Pour autant que je sache, il y a seulement un cimetière Américain en Normandie, maintenant. C’est un grand cimetière au Nord, à Colleville sur Mer, sur la plage. Vous pourriez prendre un train pour Bayeux puis un taxi là-bas. C’est à seulement 30 kilomètres. »

Nous avions chaud, nous étions fatigués et nous avions faim mais aucun de nous ne voulait s’arrêter. Nous prîmes un autre train et moins d’une heure après, un taxi nous déposa devant le bâtiment des visiteurs au Cimetière et Mémorial Américain de Normandie.

Dans le bureau, nous trouvâmes Pedro Rivera, un natif du Nouveau Mexique qui était le surintendant du cimetière et lui demandâmes son aide.

« Oui, nous dit-il, il y a eu un cimetière Américain à Marigny, mais c’était un cimetière temporaire. Après la guerre, les tombes ont été déplacées vers les cimetières permanents comme celui-ci, perché sur une falaise surmontant Omaha Beach et la Manche. »

Il se dirigea vers une étagère murale remplie d’une demi-douzaine de livres noirs épais, en prit un et commença à feuilleter les pages remplies de colonnes de minuscules caractères.

« Si John Juba a été enterré à l’étranger, dit Rivera, son nom serait ici. »

Les livres contenaient les noms des combattants Américains morts et enterrés à l’étranger ou honorés comme inconnus ou disparus : 35 000 noms pour la 1ère Guerre Mondiale et plus de 182 000 noms pour la 2nde Guerre Mondiale.

« Il y a des morts américains dans des cimentières dans le monde entier, nous dit Rivera, mais un mort en Normandie ne peut être trouvé que dans deux lieux. Ici, sur le site du plus grand assaut amphibie de l’Histoire, ou dans un autre cimetière à environ 96 kilomèttres au sud, dans la région de Bretgane.

« Le voilà, dit le surintendant, son doigt s’arrêtant au bout d’une page. John Juba Jr. C’était un PFC. »

Il s’arrêta puis leva les yeux pour nous regarder.

« Oh, je suis désolé. Il est en Bretagne. »

« Au moins, nous pourrons dire à sa mère où est-ce qu’il est enterré, dis-je à Kathy, hors du bâtiment des visiteurs. »

Elle hocha la tête mais nous étions tous les deux déçus. Il nous restait quelques heures avant de prendre notre train pour Paris, aussi, nous parcourûmes le cimetière, nous mêlant aux foules d’écoliers, de familles de touristes et d’un contingent de soldats français. Le cimetière attire plus d’un million de personnes par an, nous disait Rivera.

Nous passâmes près d’une statue en bronze de 7 mètres d’un jeune homme. L’Esprit de la jeunesse Américaine surgissant des Vagues. Les morts en Normandie sous un tapis d’herbe maintenu vert par les arroseurs automatiques et s’agitant d’avant en arrière sur les pierres tombales de marbre blanc. 9 386 d’entre eux, placés sur des rangées alignées qui atteignent l’infini. Derrière eux, nous arrivâmes aux falaises de Normandie et regardâmes la plage, à des centaines de mètres plus bas.

De par les livres et les films, je savais quelque chose de l’histoire de ce lieu, mais c’était dur de l’imaginer.

Il pleuvait le Jour J. Aujourd’hui, le soleil brillait, le ciel était aussi bleu que l’eau et parsemé de nuages moutonnés. Pas d’armada de navires, juste un bateau à voile. Pas de morts, juste une famille solitaire prenant le soleil sur la plage.


« Tu sais, si nous nous arrêtons maintenant, dit Kathy, tout ce que nous rapporterons, sera ce qu’ils nous ont donné pour commencer : une adresse. »

J’étais étonné qu’elle veuille continuer. A présent, nous savions que visiter la tombe de John Juba signifiait passer un autre jour de vacances à faire ça. Nous devions retourner à Paris d’abord et ensuite, repartir pour la Bretagne, cette fois.

« Je ne t’en voudrais pas si tu voulais renoncer, dis-je. Nous avons essayé »

« Je sais, dit-elle, mais nous ne pouvons pas arrêter maintenant. »

Elle sourit. C’était devenu un pèlerinage, comme aller à Lourdes.

Le train pour Paris était rempli et nous dûmes prendre des sièges séparés. Kathy s’assit face à deux lycéens américains qui s’avérèrent être également allés en Normandie ce jour-là. Omaha Beache les attirait pour des raisons différentes de la nôtre, cependant.

 - Nous y sommes allés pour aller à la plage, vous savez, pour bronzer, nous dit le plus grand des deux, identiques dans leus shorts et leur sac à dos en nylon.

John Juba avait 18 ans, environ le même âge que ces deux lycéens, lorsqu’il dut arrêter l’école en 1942. Tout le monde l’appelait Johnny. Il aimait jouer au football et au baseball. Il était fiancé à une fille nommée Dorothy.

Nous ne savions rien de toute cela, lorsque nous recherchions sa tombe. Ce n’est qu’après notre retour à la maison que j’en appris plus sur lui par sa mère, Mrs. Ann Callahan (76 ans), qui vit au Hartford Park Housing
Project, à Providence.

Johnny grandit à New Kensington (Pennsylvanie), où la famille vivait à l’époque. Il n’était pas content d’avoir été enrôlé, nous dit sa mère. Mais elle se souvint d’une lettre qu’il avait écrite de l’étranger.

« Je préfère être ici, écrivit-il, que de voir un homme avec une famille. »

« Il a marché sur une mine et ça lui a fait exploser les jambes, dit sa mère. Il était encore en vie à l’hôpital mais quand il a vu qu’il avait perdu ses jambes, le choc l’a tué. »

Il pleuvait lorsque, deux jours après, nous sortîmes d’un taxi à la porte du Cimetière et Mémorial Américain de Bretagne. Il n’y avait personne aux alentours et le bâtiment des visiteurs était fermé à clé. Nous nous dirigions vers les tombes lorsque je réalisais que j’avais oublié d’apporter des fleurs.

Il avait fallu 37 ans pour que quelqu’un visite la tombe de John Juba et je voulais que ce soit une grande occasion. Kathy avait raison. C’était un pèlerinage, un voyage sur la tombe d’un soldat qui aurait pu être le fils, le frère, le père, le mari de n’importe qui. D’une certaine façon non-dite, je sentais que nous étions devenus sa famille, au moins pour ce seul jour, et je savais que sa famille aurait apporté des fleurs.

« Attends ici » dis-je à Kathyet je partis sur une route de campagne à la recherche de fleurs sauvages. J’étais sur le point de me décider pour des pousses de carottes fleurissantes lorsque j’entendis une radio à travers la fenêtre ouverte d’une ferme en pierre et y vis à côté un jardin éclatant de roses blanches et de mufliers.

Le vieil homme qui ouvrit la porte de derrière portait des sabots noirs éraflés, des vêtements de jardinage et une casquette. Ses joues rondes comme des pommes avaient des traces de chaume blanc. J’avais interrompu son déjeuner. Derrière lui, dans la spartiate cuisine de pierre, un saladier avec du pain, du fromage et des cerises reposaient sur une table recouverte d’une nappe huilée.

Dans mon français maladroit, je lui racontai notre recherche de la tombe du soldat Américain et lui demandai la permission de cueillir quelques fleurs dans son jardin. Il se détourna sans un mot.

J’allais partir, prêt à croire que les Français détestaient tous les Américains lorsqu’il réapparut avec un sécateur. Il rejeta ma proposition de paiement.

« Revenez avec votre femme quand vous aurez vu la tombe, dit-il. Eh bien, visitez et buvez du vin. »

Les tombes en Bretagne reposaient au-delà du Mur des Disparus, 4313 croix blanches et Etoiles de David alignées dans une pelouse soignée comme une fanfare à la mi-temps. Cinq variétés de gazon la gardent verte toute l’année. Le cimetière était vide et si calme qu’on entendait la pluie tomber sur les lits de fleurs qui bordaient les tombes.

Des pierres de granit dans l’herbe marquaient chaque section. J’en vis une marquée D sur la droite et y courus, excité et nerveux en même temps. Et s’il n’était pas là non plus ? 

« Ici ! », criai-je à Kathy, une centaine de mètres derrière moi.  Je grimaçai lorsque mon cri brisa le silence et un homme apparut à la fenêtre d’une maison proche. Quelques instants plus tard, il émergea, un homme d’âge moyen dans une imperméable brun, qui se présenta sous le nom de Donald Davis, le surintendant du cimetière.

- D-10-8, dit-il. C’est juste ici.

Il descendit neuf rangées de tombes, tourna sur la dixième et commença à compter les croix. A la huitième, nous nous arrêtâmes et trouvâmes le nom de John Juba gravé dans le marbre blanc.

Je déposai les fleurs devant la croix et m’agenouillai pour prendre une photo pour sa mère.

- « Attendez ».

Davis se pencha et retourna le bouquet pour que les fleurs fassent face à l’appareil.

-       « Sinon, tout ce que vous aurez, c’est une photo des racines. »

Chaque échange avait ses secrets.

-       Repose en paix, John, dis-je dans un souffle.



Le vieux Français était dehors, en train de tailler ses rosiers lorsque nous revînmes. Il nous invita dans la cuisine, où l’air était corsé par de la fumée de bois et versa du Porto dans trois tasses en porcelaine.

Son nom était Pierre Letranchant. Il avait 72 et vécu presque toute sa vie dans cette ferme à l’extérieur de Saint-James. La famille de sa femme avait, en effet, possédé les 27 ares de terre où John Juba était enterré. Cela avait été une ferme laitière jusqu’à ce que les Américains l’achètent après la guerre.

- Le cimetière est calme la plupart du temps, dit-il, sauf le dernier jour du mois de mai, où les foules viennent. C’est un de vos jours fériés, n’est-ce pas ?

- Mais les jeunes gens comme vous, dit-il en secouant la tête, ils ne viennent jamais visiter ? Les jeunes ont oublié tout ça.

Il ne semblait pas en colère, juste un petit peu triste.

- Qu’est-ce qu’ils ont oublié ? demandâmes-nous.

- Que les jeunes qui sont morts nous ont délivrés, dit-il. Les jeunes, ils devraient venir ici.


SOURCES INFORMATIONSGeorge WANN - Christopher SCANLAN - Aad.archives.gov - Listsearches.rootsweb.com - JF PELLOUAIS
SOURCES PHOTOSFindagrave.com - JF PELLOUAIS
TRADUCTIONNathalie
PROGRAMMEURSFrédéric & Renaud
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